Introduction à la philosophie
Commençons par contrer une idée reçue : la philosophie est d’essence scientifique. Et oui, bien que les gros coefficients en classe de terminale soient dans les sections littéraires, les premiers « philosophes » grecs étaient omniscients et plus portés vers la géométrie, les mathématiques et l’astronomie que vers la poésie. Prenez Thalès ou encore Pythagore... Et ce dernier, au VI siècle av J.C, refusa le nom de sage qu’on lui attribuait ; il se nommait donc philos sophos (ami de la sagesse en grec). C’est donc une erreur de croire que la philosophie est une matière uniquement littéraire, sujette à la subjectivité, au "ça dépend du correcteur" ou bien "à chacun son opinion". D’ailleurs, une partie de la philosophie, l’épistémologie, s’occupe des sciences (voir le programme). L’épistémologie réfléchit sur les théories, leurs critères de validité, sur l’histoire des idées … La philosophie se présente donc d'emblée comme un exercice rigoureux de la raison.
- Rien n’est simple ni évident. Le philosophe est celui qui cherche et découvre des paradoxes. Les opérations de la nature, les phénomènes de toutes sortes recèlent des mystères. Le « réel », le monde sensible (qui se donne à nos sens), le monde visible est source d’illusions ou de problèmes. Il y a comme des principes cachés mais qui expliquent le monde dans lequel nous vivons. Et c’est pour expliquer le concret, le « réel » que la philosophie se tourne vers l’abstrait. La philosophie va alors manier des idées, les concepts car c'est ce qui permet à l’esprit de comprendre la chose, le trait commun et la généralité. La philosophie a un rapport direct et étroit avec l’abstrait. Philosopher n’est donc pas réfléchir, donner son avis, c’est réfléchir d’une certaine manière : conceptuellement.
- Il faut donc suspendre son jugement ; reconnaître que l’on ne sait pas : une certaine humilité comme Socrate déclarant « Je sais que je ne sais rien ». Mais reconnaître son ignorance pour pouvoir la surmonter (et non pas pour se complaire dans une inculture confortable car me dispensant de réfléchir). L’omniscient, l’érudit complet (Dieu) n’apprends pas puisqu’il sait déjà tout ! Donc savoir que nous sommes ignorants est la condition de la philosophie et de l’apprentissage: c'est son moteur. Moment décisif qui pourra nous amener à la vérité, au savoir. La philosophie est un désir, une aspiration (naturelle chez Aristote) au savoir. La philosophie est alors comme le propre de l’être humain...