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La libre réflexion
6 février 2008

Introduction à la philosophie

Commençons par contrer une idée reçue : la philosophie est d’essence scientifique. Et oui, bien que les gros coefficients en classe de terminale soient dans les sections littéraires, les premiers « philosophes » grecs étaient omniscients et plus portés vers la géométrie, les mathématiques et l’astronomie que vers la poésie. Prenez Thalès ou encore Pythagore... Et ce dernier, au VI siècle av J.C, refusa le nom de sage qu’on lui attribuait ; il se nommait donc philos sophos (ami de la sagesse en grec). C’est donc une erreur de croire que la philosophie est une matière uniquement littéraire, sujette à la subjectivité, au "ça dépend du correcteur" ou bien "à chacun son opinion". D’ailleurs, une partie de la philosophie, l’épistémologie, s’occupe des sciences (voir le programme). L’épistémologie réfléchit sur les théories, leurs critères de validité, sur l’histoire des idées … La philosophie se présente donc d'emblée comme un exercice rigoureux de la raison.

 Mais qu’est-ce que précisément la philosophie ? La réponse n’est pas simple. Les différentes pensées et systèmes de pensées au cours des siècles l’attestent. Mais on peut trouver quelques constantes qui aident à éclaircir ce qu’est la philosophie.
Pour Aristote Métaphysique, Livre A : "Tout homme désir connaître". Le philosophe s’étonne.  Il s’étonne des phénomènes, des problèmes, des mystères du monde qui l’entoure. Et ceci implique deux choses :

- Rien n’est simple ni évident. Le philosophe est celui qui cherche et découvre des paradoxes. Les opérations de la nature, les phénomènes de toutes sortes recèlent des mystères. Le « réel », le monde sensible (qui se donne à nos sens), le monde visible est source d’illusions ou de problèmes. Il y a comme des principes cachés mais qui expliquent le monde dans lequel nous vivons. Et c’est pour expliquer le concret, le « réel » que la philosophie se tourne vers l’abstrait. La philosophie va alors manier des idées, les concepts car c'est ce qui permet à l’esprit de comprendre la chose, le trait commun et la généralité. La philosophie a un rapport direct et étroit avec l’abstrait. Philosopher n’est donc pas réfléchir, donner son avis, c’est réfléchir d’une certaine manière : conceptuellement.

- Il faut donc suspendre son jugement ; reconnaître que l’on ne sait pas : une certaine humilité comme Socrate déclarant « Je sais que je ne sais rien ». Mais reconnaître son ignorance pour pouvoir la surmonter (et non pas pour se complaire dans une inculture confortable car me dispensant de réfléchir). L’omniscient, l’érudit complet (Dieu) n’apprends pas puisqu’il sait déjà tout ! Donc savoir que nous sommes ignorants est la condition de la philosophie et de l’apprentissage: c'est son moteur. Moment décisif qui pourra nous amener à la vérité, au savoir. La philosophie est un désir, une aspiration (naturelle chez Aristote) au savoir. La philosophie est alors comme le propre de l’être humain...

 Mais il faut ici répondre aux détracteurs de la philosophie : « La philo ne sert à rien ». D'accord, peut-être (et même sûrement au sens stricte du terme) mais l’homme a un double rapport au monde : pas uniquement matériel, utilitaire, consommateur ou pratique. Mais aussi un rapport désintéressé, intellectuel, spirituel et spéculatif; l'homme est un animal mais pas une bête... De plus, Epicure (Lettre à Ménécée) nous dit que la philosophie nous rend heureux ; savoir bien agir est la condition du bonheur. La philosophie nous dit ce qu’il faut faire ou ne pas faire et comment le faire: c'est l'aspect moral, social et éthique de la philosophie. Il faut sans cesse philosopher pour la bonne santé, de l’âme bien sûr !!

 Ainsi donc, la philosophie n’est pas donnée sans effort : elle nous mène à des connaissances acquises au prix d’interrogations et de curiosités intellectuelles. La philosophie ne relève donc pas de l’immédiat ni du sentiment, de l'inspiration ni du subjectif : rien d’arbitraire. Philosopher n’est pas bavarder, mais réfléchir sur les concepts ; c’est une science des concepts, un travail de concepts. Il faut donc apprendre au moins les pensées des philosophes pour apprendre à penser philosophiquement et avoir les outils pour réfléchir par soi-même, tout comme l'électricien possède un savoir, des outils qu'il doit lui-même et tout seul appliquer afin de résoudre une difficulté particulière.

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